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Les pucerons au jardin

Lorsque l’on parle de pucerons, la réaction est immédiate... FLÉAU ! INVASION ! ÉLIMINATION ! Mon pauvre potager... On les traque, on les écrase, on cherche le produit chimique ou biologique qui les fera disparaître. Mais en réalité, les pucerons ne sont pas les coupables que l’on croit. Derrière ces petits suceurs de sève se cache un maître du jeu bien plus redoutable, qui se trouve être la fourmi ! 

 

Si nous avons un problème avec les pucerons, c’est que nous avons un problème avec notre manière de concevoir le jardin. Car ce n’est pas le puceron qui crée le déséquilibre, mais la relation qu’il entretient avec son éleveur... 

Pucerons et fourmis

 

Le puceron, un simple voyageur devenu prisonnier

 

À l’origine, le puceron n’est pas un parasite stationnaire. Il prélève un peu de sève sur une plante, puis s’envole vers une autre pour disperser son impact et limiter les dégâts. Il choisit de préférence des végétaux bien verts, riches en azote, car l'azote est un élément essentiel à sa croissance. Son cycle est simple, mobile, équilibré.

 

Mais lorsqu’une fourmi croise sa route, tout change. Elle voit en lui une source de nourriture inestimable... Vous avez déjà sûrement entendu parler du miellat, un liquide sucré que le puceron excrète après digestion de la sève. Plutôt que de courir après des fleurs dispersées ou des débris tombés au sol, la fourmi trouve chez le puceron une ressource concentrée, et surtout… domestiquable.

 

Alors, elle agit. Elle ne laisse plus le puceron partir.

 

 

 

Drogue, mutilation et contrôle total

 

Les fourmis ont développé des stratégies (plutôt raffinées) pour maintenir leurs troupeaux de pucerons. Elles sécrètent une substance chimique qui agit comme une drogue et altère le comportement des pucerons, les rendant plus dociles, plus enclins à rester sur place. Elles les protègent des prédateurs, leur construisent des abris sous des feuilles enroulées, et les regroupent en colonies compactes pour maximiser la récolte de miellat. Oui, ça fait peur...

 

Mais leur contrôle ne s’arrête pas là. Si un puceron tente de s’envoler vers une autre plante, certaines fourmis n’hésitent pas à lui sectionner les ailes. Le vol, cette échappatoire naturelle, devient impossible. Prisonnier de son propre cycle de vie, le puceron n’a plus d’autre choix que de rester là, piégé sur une plante qui ne sera plus qu’une ombre de ce qu’elle était.

 

Vous l'aurez compris, le véritable problème des pucerons ne vient pas de leur appétit, mais de leur transformation en bétail statique par les fourmis. Un puceron libre ne crée pas de catastrophe. Un puceron sous domination devient une arme de destruction végétale.

Pourquoi l'élevage de pucerons nous dérange-t-il ?

 

Nous pourrions nous en moquer si ces élevages se faisaient ailleurs. Mais voilà, les fourmis choisissent nos plantes favorites. Pourquoi ? Parce que nos jardins sont des refuges de plantes vertes grâce à l'arrosage, de feuillages tendres et nourrissants. Nous avons créé un paysage homogène, composé uniquement des végétaux que nous apprécions et, dans un même temps, nous offrons aux fourmis le terrain idéal pour leur exploitation...

 

Dans une prairie sauvage, les élevages de pucerons se répartissent naturellement sur une multitude de plantes, et rendent leur impact négligeable. Mais dans nos jardins taillés au cordeau, où chaque espace est occupé par une espèce précieuse à nos yeux, le moindre troupeau devient une invasion.

 

Le problème n’est donc pas les pucerons eux-mêmes, ni même les fourmis en tant que telles, mais bien notre vision du jardin comme un espace contrôlé, réduit à un catalogue de plantes soigneusement choisies.

 

 

 

Une solution : recréer l’équilibre !!!

 

Que faire alors ? L’éradication n’est pas une réponse. Les pucerons existeront toujours, les fourmis aussi. Nous ne pouvons pas supprimer leur relation, mais nous pouvons l’orienter ailleurs.

 

La clé ? Offrir une alternative.

 

Plutôt que d’arracher chaque puceron un à un ou de détruire les fourmilières, il faut redonner aux fourmis d’autres terrains de jeu. Laisser des zones en friche, non tondues, où des plantes spontanées serviront d’élevages secondaires. Là, les fourmis pourront développer leurs colonies de pucerons sans que cela n’impacte directement nos plantes cultivées.

 

Car retirer les pucerons de nos plantes sans leur offrir un refuge, c’est comme vouloir détourner un fleuve sans lui donner un autre lit où s’écouler, ils reviendront toujours, poussés par la nécessité.

 

En recréant la diversité, en acceptant que le jardin ne soit pas une bulle stérile mais un écosystème où chaque espèce trouve sa place, nous n’avons plus besoin d’entrer en guerre. Nous redevenons des médiateurs plutôt que des exterminateurs ! 

 

 

 

Une leçon plus large sur notre rapport à la nature

 

Ce que nous apprend la relation entre pucerons et fourmis dépasse largement les simples questions de jardinage. Nous avons trop souvent une vision binaire du monde vivant... nuisible ou utile, bon ou mauvais, à garder ou à éliminer.

 

Mais en regardant de plus près, ce ne sont pas les êtres eux-mêmes qui posent problème, mais les interactions que nous avons, consciemment ou non, contribué à façonner. Les pucerons ne sont pas des destructeurs, les fourmis ne sont pas des bourreaux. Elles répondent à un équilibre que nous avons, parfois sans le vouloir, déséquilibré.

 

Repenser notre manière de cultiver, c’est aussi repenser notre manière d’habiter le monde. Et peut-être que, dans ce microcosme de feuilles et d’insectes, se cache une vérité plus vaste sur notre propre place dans le vivant.

Découvrez notre article sur les fourmis ! 

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Fourmis et élevage de pucerons
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